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Les ardoisières du Nord-Ouest

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01/05/2020

On trouve des ardoisières dans de nombreuses régions françaises mais c'est surtout le Nord-Ouest qui concentre le plus grand nombre de sites ardoisiers (Côtes d'Armor, Finistère, Morbihan, Mayenne mais surtout le Maine-et-Loire). Aux XVIIIe et XIXe siècles, les principales zones de production de l'ardoise se situent en Anjou. Au fil des siècles, Trélazé s'affirme comme le centre le plus important, pour la quantité comme pour la qualité. Le gisement Anjou-Mayenne fournit l'essentiel de la production française. Le maximum est atteint en 1905 avec 175 000 tonnes.
Le code minier, établi en 1810, a classé les ardoisières dans la famille des carrières. En 1920, une loi assimile les ardoisiers aux mineurs pour la Sécurité Sociale. En 1947, les ouvriers des ardoisières obtiennent le statut du mineur.

Les ardoisières de Trélazé - Maine-et-Loire

La légende attribue la découverte de l'utilisation de l'ardoise comme matériau de couverture à l'évêque d'Angers, Licinius, en 592, devenu Saint-Lézin, patron des ardoisiers. Les premières ardoisières de Trélazé apparaissent en réalité aux XVe et XVIe siècles. Elles s'appellent alors Tire-Poche, Champ-Robert, Terre-Rouge. Jusqu'en 1789, les communautés religieuses sont les principaux propriétaires des terrains ardoisiers. Elles en concèdent l'exploitation à des entrepreneurs qui, eux-mêmes, vendent le schiste à des ouvriers. Ces derniers se chargent de son extraction et de sa taille, puis recèdent les ardoises obtenues aux entrepreneurs.
Au cours des XVIe et XVIIe siècles, l'ardoise de Trélazé prend tout son essor en devenant le matériau de couverture de référence sur l'ensemble des demeures royales et seigneuriales, comme les châteaux de la Loire, le château de Versailles, etc... Ainsi, pendant plus de 8 siècles, de nombreuses sociétés ardoisières se partagent "l'or noir" de l'Anjou, qui affleure sur le Bassin d'Angers, et notamment dans la ville de Trélazé.
En 1891, les plus gros producteurs fusionnent pour donner naissance à la Société des Ardoisières d'Angers. La Société Ardoisière de l'Anjou est créée en 1894. En 1899, les dernières carrières à ciel ouvert ferment ; l'exploitation est exclusivement souterraine. En 1909, un premier chevalement métallique est installé au puits n°6 de Grand-Maison. En 1911, le record de production d'ardoise du bassin d'Anjou-Mayenne est atteint, avec 182 000 tonnes produites.

Malheureusement, à partir des années 1960, l'ardoise espagnole plus concurrentielle supplante peu à peu celle de Trélazé. En 1983, une fusion entre la Société Ardoisière de l'Anjou et les Ardoisières d'Angers est envisagée. La première refuse et tente de produire à Misengrain de l'ardoise au même prix que celle venant d'Espagne. C'est un échec et elle dépose le bilan le 28 mars 1986. S'ensuit alors un inexorable déclin : de 1983 à 1993, l'effectif des ouvriers diminue et la société des Ardoisières d'Angers supprime près de 1200 emplois. Puis, en 1997, un plan social est amorcé entraînant de nouveaux licenciements (187 postes sont supprimés). Enfin, en raison de l'épuisement du gisement et de l'augmentation des coûts de production, Imerys (propriétaire des Ardoisières d'Angers) annonce la fermeture des ardoisières le 25 novembre 2013. Elle sera effective le 29 mars 2014, laissant sur le carreau les 153 derniers salariés et mettant fin à plusieurs siècles d'extraction de la pierre ardoisière. Au plus fort de l'activité, après la Première Guerre mondiale, les Ardoisières d'Angers ont employé jusqu'à 3000 personnes.

Sources :Site de la ville de Trélazé sur les ardoisières etWikipedia

Le patrimoine industriel ardoisier à Trélazé est encore très visible de nos jours avec notamment 8 chevalements, parfois accompagnés de leur machine d'extraction. Il fait l'objet de projets de valorisation, mais j'ai pu constaté lors de mes passages successifs que les dégradations et démolitions se poursuivent...


Puits 25 et 26 des Fresnais

Deux chevalements similaires subsistent de cette importante exploitation. En 2010, un joli ensemble de bâtiments, dont le bâtiment de la machine d'extraction, était encore présent face au chevalement du puits 25 des Fresnais. Il a depuis été rasé.
Sur ce site, l'exploitation des Fresnais de la société des Ardoisières d'Angers a produit de l'ardoise jusqu'en 2009 en carrière souterraine. Le fond était accessible par une descenderie routière moderne créée en 1999. Je vous invite à découvrir le superbe reportage photographique réalisé par Vincent Duseigne en 2005 surl'exploitation des Fresnais.



Puits de Champ-Robert

Le puits de Champ-Robert faisait partie de la carrière des Fresnais. Il est situé à proximité du puits 25 des Fresnais. Son chevalement a été restauré.



Puits de Grand-Maison

Le puits de Grand-Maison est fermé en 1986 suite au dépôt de bilan de son propriétaire, la Société des Ardoisières d'Anjou. De nos jours, plusieurs installations sont visibles sur l'ancien carreau, dont le chevalement métallique et son bâtiment de la machine d'extraction.


Puits 3 et 7 de Monthibert

C'est sur ce site, faisant partie des Grands-Carreaux, que les Ardoisières d'Angers ont exploité la dernière grande carrière d'ardoise souterraine de France. Le puits 7 de Monthibert était le puits principal de la carrière souterraine (service et extraction). Il desservait les chantiers d'extraction jusqu'à 450 mètres sous la surface. Son chevalement moderne, haut de 37,50 mètres, fut installé en 1976. Depuis la fermeture des ardoisières en 2014, le carreau a été intégralement nivelé. Il ne reste plus rien des voies ferrées de surface utilisées pour le transport de l'ardoise. Au milieu de ce 'no man's land' trône le chevalement encore équipé de ses câbles et le bâtiment de la machine d'extraction. En bordure du carreau, on peut aussi voir le chevalement et le bâtiment de la machine d'extraction du puits 3 de Monthibert.



Puits 6 et 8bis de l'Hermitage

Le site de l'Hermitage faisait partie de l'exploitation des Grands-Carreaux. Il est localisé au nord-ouest du puits 7 de Monthibert, de l'autre côté de la rue. La plupart des bâtiments industriels ont été rasés. Toutefois, sont encore visibles de nos jours :
• l'ensemble du puits 6 de l'Hermitage (chevalement, machine d'extraction à vapeur, vestiaires, chaudière) ; ce puits servait de puits de secours pour le puits 7 de Monthibert.
• le superbe chevalement du puits 8bis de l'Hermitage, construit en 1922 par G. Eiffel et sa marchine d'extraction à vapeur Laboulais (fortement dégradée).


Les ardoisières de Noyant-la-Gravoyère et Combrée - Maine-et-Loire

Ardoisière de Misengrain - Noyant-la Gravoyère

L'existence de l'ardoisière de Misengrain est attestée dès le XVIIe siècle, mais elle ne prit de l'importance qu'après la fondation d'une société, en 1833. Elle appartient ensuite à une société anglaise puis à la Société de l'Ouest rachetée en 1894 par la «Société Ardoisière de l'Anjou». Jusqu'à 800 ouvriers ont travaillé sur le site. L'exploitation se poursuivit jusqu'au 30 juin 1986, date du dépôt de bilan de la société. L'ardoisière fut alors rachetée par les «Ardoisières d'Angers» et remise en service en 1987. Elle ferma définitivement douze ans plus tard.

Aujourd'hui le site est réutilisé par une entreprise de démolition ce qui a permis la préservation de nombreux bâtiments liés à l'exploitation de l'ardoise. Le puits 7, qui a servi de puits d'extraction jusqu'à la fermeture, conserve son chevalement métallique ainsi que le bâtiment abritant une machine d'extraction électrique de 1934 (en bon état). A proximité se trouvent les ateliers de débitage des blocs d'ardoise ainsi que les ateliers pour la fente. Il ne reste que peu de matériel dans ces bâtiments, puisqu'ils vont faire l'objet d'un nouvel usage. A l'autre bout du site, le petit chevalement métallique du puits 6 est toujours visible. Il servait de puits de secours et d'aérage. La cité ouvrière de Misengrain est érigée dès les années 1880 par la Société des Ardoisières de l'Anjou. Une partie de la cité a été réhabilitée et reconvertie en hôtel-relais.

Source :Notice n°IA49002225de la base Mérimée

Je remercie la sociétéOccamat pour avoir autorisé la réalisation de ce petit reportage et pris le temps de me guider sur le site.



Ardoisières de Bel-Air et de la Forêt - Combrée

L'activité ardoisière à Combrée commence dès les années 1840, où plusieurs carrières à ciel ouvert sont exploitées. En 1876, la «Société des Ardoisières de la Forêt» reprend ces exploitations. En 1896, la Commission des Ardoisières d'Angers s'implante à Bel-Air afin de concurrencer directement la Société Ardoisière de l'Anjou, propriétaire de Misengrain ; elle rachète le tout en 1908 après la faillite des Ardoisières de La Forêt. Le puits n°1 est foncé à 195 mètres de profondeur à partir de 1896 ; le puits n°2 est foncé à 160 mètres en 1906. A cette date, on construit une cité ouvrière comprenant des logements, une église et une école. En 1942, un troisième puits est ouvert et fera 106 mètres de profondeur. Les puits 4, 5 et 6 seront par la suite foncés avant la cessation d'activité en 1982.
Outre l'importante cité ouvrière, il subsiste de ces exploitations quelques bâtiments plus ou moins délabrés, ainsi qu'un petit chevalement métallique perdu dans la nature.

Source :Notice n°IA49002032de la base Mérimée


Les ardoisières de Renazé - Mayenne

La commune de Renazé, située au sud du département de la Mayenne, a fait l'objet d'une intense exploitation de schistes ardoisiers, et ceci depuis au moins le XVIe siècle. Cette exploitation, initialement conduite à ciel ouvert, s'est poursuivie à la fin du XIVe siècle en carrières souterraines, par puits et chambres. Le puits le plus profond descendait à 305 mètres sous la surface. L'arrêt de la dernière exploitation date de 1976. La principale société ayant exploité le gisement de Renazé est la Société des Ardoisières de l'Anjou, qui s'était constituée en 1894 et avait acquis en 1895 l'Ardoisière de l'Aubinière et en 1896 les Ardoisières de la Touche et du Fresne. La société a poursuivi ses activité jusque fin décembre 1975, l'exhaure a été stoppé fin mars 1976. Le site de Renazé a été pendant longtemps le second producteur d'ardoises de l'Ouest (après celui de Trélazé), avec jusqu'à 100 millions d'ardoises produites annuellement. Les effectifs ont atteint 569 personnes en 1914.
Plusieurs quartiers ont été exploités à Renazé : Longchamps, Laubinière, Saint-Aignan, la Touche,... Il ne reste plus aucun vestiges visibles du quartier de la Touche.
Je remercie Lilian L., président de l'Association des Perreyeurs Mayennais pour son accueil lors de mon passage à Renazé.

Source : rapport BRGM

Quartier de Longchamps

L'exploitation de l'ardoise dans le quartier de Longchamps débuta à ciel ouvert (jusqu'à 40 à 60 mètres de profondeur, et même 110 mètres dans la partie est). L'exploitation en souterrain s'est faite en trois étapes. Un premier puits dont l'emplacement n'est pas connu, a permis d'exploiter l'ardoise entre les niveaux -59 et -81 mètres. Un second puits (Longchamps n°2) a ensuite été foncé à une profondeur de 180 mètres et a permis d'exploiter une quinzaine de chambres. En 1939, un troisième puits (Longchamps n°3) est foncé à 305 mètres de profondeur. Il est équipé en 1941 d'un chevalement métallique et mis en service début 1943. L'exploitation depuis le puits Longchamps 3 s'arrêta définitivement en 1969. Le chevalement (dont la partie supérieure a été déposée pour des raisons de sécurité) et la machine d'extraction sont toujours visibles et mis en valeur dans le cadre du musée de l'Ardoise.



Quartier de Laubinière

C'est probablement dans le secteur de Laubinière (ou l'Aubinière) qu'ont débuté les plus anciennes exploitations à ciel ouvert. Une seconde vague d'exploitation, qui serait poursuivie jusqu'en 1933, s'est faite par puits et galeries. Enfin, une troisième phase d'exploitation a débuté en 1944 avec le dénoyage des travaux souterrains. A partir de 1946, le puits dit de Laubinière est remis en service. Dès 1950, l'ensemble des quartiers est en communication, et le puits de Laubinière est utilisé comme puits de secours. Laubinière a été le dernier quartier exploité sur la commune de Renazé, jusqu'en décembre 1975. Le petit chevalement métallique est toujours visible actuellement, ainsi que le bâtiment du treuil.


Quartier de Saint-Aignan

Le quartier de Saint-Aignan comprenait 2 puits. Le premier (puits n°1), situé plus à l'ouest, a été foncé entre 1920 et 1922, à une profondeur de 213 mètres. Il était équipé d'un chevalement en bois aujourd'hui disparu. Le second (puits n°2) a été foncé à partir de 1922 et mis en service en 1925. Il était équipé d'un chevalement métallique encore visible de nos jours au milieu du carreau, propriété d'une entreprise locale. L'exploitation dans ce quartier s'est arrêtée au puits n°2 en 1959.


Les ardoisières de Maël-Carhaix - Côtes-d'Armor

Vers 1890, Pierre Lucas ouvre l'ardoisière de Moulin-Lande, au lieu-dit du même nom, sur la commune de Maël-Carhaix au cœur de la Bretagne. Une trentaine d'ouvrier est employée dans cette carrière souterraine. La production est relancée après la première Guerre Mondiale : de nouvelles chambres sont ouvertes et de nouvelles embauches sont faites. Dans les années 1930, le puits de la Prairie est foncé ; on y exploite quatre chambres de grandes dimensions. Ce puits atteindra 180 mètres de profondeur. Le puits de l'ardoisière voisine de Kergonan est relié par des galeries souterraines aux deux puits de l'ardoisière de Moulin-Lande (puits du Milieu et puits de la Prairie).
En 1974, l'ardoisière de Moulin-Lande devient une SARL, sous la direction d'Yvon Barazer. Il est l'actuel propriétaire du site. L'ardoisière ferme en 1984 et ouvre de nouveau en 1988. Elle est définitivement fermée en 2000 par la DRIRE pour non respect des arrêtés de mise en conformité de l'exploitation, aux prescriptions de sécurité et d'environnement. De nos jours, M. Barazer exploite les déchets ardoisiers présents sur le site pour en faire du paillage.
L'ardoisière exploitait une veine de schiste ardoisier du carbonifère de 11 mètres de puissance. Les ardoises produites étaient d'excellente qualité, sans pyrite, et très appréciées, en particulier, pour la restauration des monuments historiques (Parlement de Bretagne, Palais de Chaillot, château de Vincennes, chapelle de Saint-Louis des Invalides, cathédrale du Mans,...). Maël-Carhaix disposait alors de la plus importante manufacture d'ardoise de Bretagne.

Sources : BRGM etInventaire du patrimoine région Bretagne

Lors de mon passage en 2010, l'ensemble des installations étaient encore en place sur les carreaux du puits du Milieu et du puits de la Prairie (chevalements, ateliers, treuils d'extraction...). L'ardoisière de Kergonan, aujourd'hui située sur la même parcelle que l'ardoisière de Moulin-Lande, est complètement recouverte par la végétation. Un petit chevalement et divers bâtiments sont encore visibles (non photographiés).


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